Nombre de dictateurs ont employé le culte de la personnalité à travers le XXème siècle ; Mussolini, par exemple, a recours à l’art pour entretenir sa popularité. Mussolini s’inspire des valeurs et puissances antiques notamment avec la domination universelle exercée par Rome pendant l’Antiquité. Hitler, lui, choisit plutôt la sculpture, de manière à représenter le modèle du parfait Aryen. Staline emploie plutôt l’art, le photomontage, les cartes postales et la récompense honorifique. Kim Jong-Il, le dictateur que nous allons donc analyser, rassemble toutes les techniques possibles du XXème siècle visant au culte de la personnalité.
Kim Jong-il (né en Sibérie, le 16 février 1942 selon sa biographie officielle, le 16 février 1941 selon d'autres sources) est un homme d'État nord-coréen.
Portrait le plus célèbre de Kim Jong-Il |
Il était le dirigeant de la Corée du Nord depuis 1994 jusqu’à sa mort, le 17 décembre 2011. Il a succédé à son père, Kim Il-sung, qui a dirigé le pays depuis 1948.
Portrait de Kim-Il-Sung |
Tour de Juche |
Appelé le « Cher Dirigeant », il occupa les fonctions de président du Comité de la défense nationale et de secrétaire général du Parti ouvrier coréen. L’idéologie officielle de la Corée du Nord s'appelle le Juche. Elle a été créée par Kim Il-sung dans les années 30.
La Corée du Nord est — avec un score de 1,08/10 — considérée par l'indice de démocratie mis en place par The Economist comme le pays le moins démocratique au monde. Si d'autres partis existent (le Parti social-démocrate de Corée et le Parti Chondogyo-Chong-u), ils sont sous le contrôle du Parti du travail de Corée. Les trois partis sont réunis au sein d'une coalition, le Front démocratique pour la réunification de la patrie. La Corée du Nord présente ainsi les caractéristiques essentielles d'un régime dictatorial à parti unique.
Monument de la fondation du Parti des Travailleurs |
Sur le plan culturel :
Affiches de cinéma et d'opéra propagandistes |
Toutes les activités culturelles sont sous le contrôle de l'État. Nombre de livres, poèmes, chansons ou encore films sont empreints d'un très fort nationalisme, d'une vision vantant la supériorité du socialisme nord-coréen et le culte de la personnalité de Kim Il-sung et de son fils Kim Jong-il sont excessivement mis en valeur. L'information est sous le contrôle de l'État grâce à l'unique agence de presse du pays et à la télévision nationale, ce qui confère à Kim Jong-Il une solide maîtrise de son image.
La place du secteur cinématographique est considérée comme très importante en Corée du Nord, puisque la production est placée directement sous l'autorité de Kim Jong-il à partir de 1966-1967. D'après sa biographie officielle, Kim Jong-il, qui intègre le Comité central du Parti du travail de Corée en 1964, s'intéresse « dès les premiers temps de son activité […] à la littérature et aux arts » et « fait d'abord concentrer les forces sur l'art cinématographique ». En 1978, la Corée du Nord enlève un réalisateur sud-coréen, Shin Sang-ok, pour filmer des spots de propagande à la gloire du pays. Peu à peu, il gagnera la confiance des dirigeants qui, après une captivité forcée de plusieurs années, le laisseront voyager en 1986 à Vienne, où il demandera l'asile politique. Après 1945, la littérature nord-coréenne a d'abord été représentée par des écrivains de gauche. L'arrivée au pouvoir de Kim Jong-il, en 1994, a conduit à mettre davantage l'accent sur les thèmes de la vie quotidienne, pour mieux toucher la population. Tout comme son père Kim Il-Sung, la personne de Kim Jong-il est entouré d'un culte de la personnalité particulièrement poussé : monuments, défilés, portraits et badges. Ses anniversaires donnent en général lieu à des célébrations somptueuses. En 2002, la BBC note que 10 000 jeunes ont participé à un vaste spectacle afin de lui souhaiter un bon anniversaire. D'après d’anciens journalistes réfugiés, les étudiants de l'école de journalisme apprendraient à placer les articles concernant Kim Jong-il avant toute autre information et à écrire des textes flatteurs concernant Kim Jong-il, tout en suivant régulièrement des stages de mise à niveau en « grandes réalisations de Kim Jong-Il et Kim Il-Sung ».
Bâtiments gouvernementaux |
Le culte de la personnalité, ses caractéristiques :
Sa biographie officielle frise parfois le grotesque par son invraisemblance, et diffère sur plusieurs points des biographies des observateurs occidentaux. Ainsi, on prétend qu'il serait né dans un camp secret sur le Mont Paektu, montagne sacrée et point culminant de la péninsule coréenne, le 16 février 1942 (tandis que le monde occidental accorde sa naissance un an auparavant en Sibérie). La légende officielle raconte que ce jour-là, un grand glacier du mont Paektu aurait émis un son mystérieux, pour ensuite se briser et laisser échapper un double arc-en-ciel, puis une grande étoile serait apparue dans le ciel. Depuis, ce « camp secret » est considéré comme une terre sacrée que le peuple est encouragé à visiter tous les ans. On prétend également, qu’à l'âge de 4 ans, Kim Jong-il aurait renversé un pot d'encre sur une carte du Japon. Un ouragan aurait foudroyé cet endroit précis quelques jours plus tard. Toujours selon sa biographie officielle, il marcherait déjà depuis l'âge de trois semaines, et il aurait commencé à parler à l'âge de huit semaines. Durant son éducation à l'Université Kim Il-Sung, il aurait écrit pas moins de 1500 livres. Petit, il aurait été un mécanicien hors pair, un stratège génial, il surpassait les autres enfants par ces questions incisives et n'avait jamais l'air fatigué, bien qu'il eut pu accomplir plusieurs fois autant de travail que les autres. Kim Jong-Il, qui essaya pour la première fois le golf en 1994, aurait fait un score énorme, dont cinq trous-en-un, ce qui serait un record mondial. Il aurait aussi écrit six opéras en deux ans, et chacun d'eux mieux que tout autre opéra de l'histoire de la musique. Selon le journal nord coréen Minju JoSon, il serait aussi l'inventeur du hamburger.
Affiche de propagande |
Une dictature moderne telle que la Corée du Nord est ainsi constituée de nombreux moyens visant à un culte de la personnalité. La littérature, le cinéma ou encore les arts sont supervisés par le gouvernement ; l’éducation permet dès le plus jeune âge d’inculquer aux enfants les valeurs politiques de leur pays. Ce culte de la personnalité est aussi caractérisé par nombre d’anecdotes nourrissant le mythe de Kim Jong Il, et parfois de manière bien grotesque.
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