dimanche 10 février 2013

I. 2) Une dictature contemporaine : Le premier empire de Napoléon Ier


Depuis toujours en France comme dans d’autres pays, les monarques sont représentés de façon à magnifier leur personne et marquer les esprits. Ils ont pour cela en grande partie recours à l’art à travers la peinture et la sculpture par exemple.  Certains, cependant, abusent de ces procédés et les utilisent pour instaurer un culte de la personnalité. C’est le cas de Napoléon Bonaparte, empereur de France de 1804 à 1815.

"Napoléon Bonaparte", portrait par le baron François Pascal Simon Gérard

Bonaparte, qui a fait ses premières armes en 1789, a démontré à plusieurs reprises son génie militaire. En 1796, il est nommé commandant en chef de l'armée d'Italie. En moins d'un mois, il écrase les Autrichiens à Montenotte, Lodi et Arcole et les Sardes à Mondovi. A son retour fin 1797, il est accueilli en héros par les dirigeants du Directoire.
Il fut souvent comparé à César, surtout au niveau de sa politique. Napoléon se juge même meilleur militaire que l’empereur romain. On voit donc avec ce rapprochement, que Bonaparte se figurait comme un grand homme et se permettait une comparaison avec un très grand homme de pouvoir. Cela montre son ambition très importante pour atteindre le pouvoir.


Jacques-Louis David,
"Le premier consul franchissant les Alpes
au col du Grand Saint Bernard"

Bonaparte a compris très tôt l'importance de l'image qu'il renvoyait aux hommes. Lors de ses victoires à la campagne d'Italie, il amasse un butin destiné à faire paraître dans la presse des bulletins le louant. Par exemple dans La France vue de l’armée d’Italie, on pouvait lire des éloges très fortes sur lui : « Napoléon vole comme l’éclair et frappe comme la foudre. Il est partout et il voit tout ; il est l’envoyé de la Grande Nation ». L'homme a donc mis en avant son génie militaire pour grandir son image, mais il a aussi mis au service plusieurs formes d'arts, pour montrer son rang politique et sa prestance.



La peinture au service du culte :
Jean-Auguste-Dominique Ingres,
"Napoléon Ier sur le trône impérial"
Précurseur dans bien des domaines, et ayant vite compris le pouvoir de l'image, Bonaparte s'est fait représenter à toutes les étapes de sa vie, exaltant ses victoires et développant le culte de sa personnalité. Il sait déjà manipuler l'image pour en faire un puissant outil de propagande. En 1797, il invite certains artistes à la réception organisée pour son retour. Parmi eux, Jacques-Louis David qui représente le général en début de carrière. A l'inverse, c'est l'action qui domine dans le tableau d'Antoine Gros : Bonaparte, peint de plein pied, est engagé dans le combat. Le regard déterminé, le bras levé, le drapeau à la main, il indique sa ferme volonté de remporter la victoire. Antoine Gros le représente déjà comme l'homme providentiel, le maître d'une épopée qui marquera l'Histoire.
Bonaparte, s’adresse à d’autres peintres d’histoire pour que son pouvoir soit magnifié de façon plus imaginative. Il met en oeuvre une véritable propagande. Il joue de l’impact de la peinture d’histoire sur le grand public. Il veut également se servir de l’apparat de la tradition pour renforcer son magnétisme personnel. La peinture va contribuer à donner au régime un air d’authenticité par le recours à l’antique. Les peintres ont pour mission la célébration publique de ses hauts faits.
                                           

                                     
                                                Antoine-Jean Gros, "Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau"



Le sacre de Napoléon :

Ce tableau de David est une véritable œuvre de propagande. Napoléon rendait régulièrement visite au peintre pendant l’exécution de l’œuvre, afin de contrôler certains détails.
Ainsi, nous remarquons que le pape est représenté assis, derrière l’empereur qui lui tourne le dos, lui conférant un rôle de second plan. Nous savons aussi que dans la version imaginée par l’empereur, c’était Napoléon lui-même qui se couronnait.




Jaques-Louis David, "Sacre de l'empereur Napoléon et couronnement de l'impératrice Joséphine,
à Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804"
  

 La légende Napoléonienne :
Antoine-Jean Gros,
"Portrait de Napoléon"

 La légende napoléonienne s'est constituée pour célébrer et glorifier les actions de Napoléon Bonaparte et en faire l'objet d'un mythe ou d'un culte. Peu d'hommes dans l'Histoire de l'Humanité ont suscité autant de haine et d’admiration, et parfois même les deux mêlées. Dès les origines de sa carrière militaire ou les débuts de sa carrière politique en prenant le pouvoir par le coup d’État du 18 Brumaire, Napoléon s’est inscrit dans l’Histoire et la mémoire des hommes à travers un destin mouvementé et exceptionnel. Son ascension fulgurante, obtenue par des conquêtes militaires victorieuses, l’ampleur inédite des dernières déroutes ainsi que ses deux exils ont fait de ce personnage majeur de l'Histoire de France et de l'Europe une figure légendaire, tout au long des siècles qui ont suivi son parcours.

La légende napoléonienne est telle que certains donnent à l'Empereur un caractère messianique. Ainsi, Élie Faure, dans son ouvrage « Napoléon », le compare à un prophète des temps modernes.
L'épopée du personnage, fut l'une des plus grandes aventures humaines, militaires, politiques de l'histoire. Mais certains événements plus précis que l'épopée en général, peuvent être évoqués pour tenter d'expliquer le mythe de Napoléon. Sa mort, par exemple, reste mystérieuse et est propice à l'invention de rumeurs, qui ne font qu'entourer la vérité historique de mensonges, qui eux-mêmes ont certainement fait naître une certaine légende napoléonienne.

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